Culte du troisième dimanche du temps de l’Avent
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Temps de l’Avent, attente, expectative. Qu’attendez-vous, qu’attendons-nous ? Ben en ce moment, me direz-vous, nous attendons de nous retrouver enfin. Nous attendons l’avènement d’un vaccin ? d’une ouverture ?
Comme moi, vous avez la tête pleine des kyrielles d’informations, des discours qui font peur, de tout ce qui nous sépare. Mais là, chez vous, le temps d’une parenthèse, asseyez-vous, prenez une tasse de café bien chaud, ou du thé, et faites taire la rumeur. Dieu peut se glisser partout, peut-être même dans la vapeur qui s’élève de votre boisson, dans une brèche de votre carapace de protection, dans un petit recoin de votre cœur où la peur, la tension, la déprime n’ont pas réussi à occuper l’espace.
Donc j’attends, vous attendez, nous attendons. Une bonne nouvelle. Mais laquelle ?
Que le Souffle passe et nous permette de l’entendre résonner, de la percevoir, malgré tout, et son contraire, et tout le reste.
Poème de Francine Carrillo
Un beau texte à propos de Celui qui vient, notre Seigneur et compagnon de route :
« Les verbes qu’il aime sont des verbes simples : marcher, manger, toucher, regarder, bénir, aimer (beaucoup), mais aussi chercher, veiller, quitter, pleurer, se perdre, mourir ; des verbes pleins, humains, à portée de main… mais en lui ils reçoivent une hauteur étoilée qui interrompt nos bassesses comme paresses et nous laisse avec le goût de ne pas en rester là… »
Une prière, pas petite, mais large et profonde
Seigneur, il me manque les mots, il me manque l’énergie, il me manque l’horizon plus loin qu’aujourd’hui ou demain. Mais quand je regarde le ciel, ou le regard de mon aimé, de mon amie, je me dis que la vie doit rester possible. Quand je prends le temps d’écouter le son d’une voix, le chant d’un oiseau, le cœur battant d’un autre vivant, je me dis que tu es présent parce que tu es la musique de l’amour, le glouglou de la source, la tendresse flûtée. Mais tu es aussi appel et coup de tonnerre pour que je ne m’endorme pas dans mon confinement intérieur ! Tu es l’appel, tu veux me sortir de mes peurs comme de mes étroitesses. Donne-moi de ne pas m’étouffer, sans cesse avec du chagrin et de l’obscurité. Donne-moi d’attendre plus qu’une bonne nouvelle parmi d’autres, de retrouver l’attente de « cette Bonne Nouvelle -là » ! Amen
📖 Deux lectures bibliques proposées pour ce culte :
1 – Epître aux Romains, chapitre 15, extraits des versets 4-13
Tout ce que nous trouvons dans l’Écriture a été écrit dans le passé pour nous instruire, afin que, grâce à la patience et au réconfort qu’elle nous apporte, nous possédions l’espérance. Que Dieu, la source de la patience et du réconfort, vous rende capables de vivre en bon accord les uns avec les autres en suivant l’exemple de Jésus-Christ. 6 Alors, tous ensemble et d’une seule voix, vous louerez Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. (…) Il est venu aussi afin que les non-Juifs louent Dieu pour sa bonté, comme le déclare l’Écriture : « C’est pourquoi je te louerai parmi les nations, et je chanterai en ton honneur. » Elle déclare aussi : « Nations, réjouissez-vous avec le peuple du Seigneur ! » (…) Ésaïe dit aussi : « Le descendant de Jessé viendra, il se lèvera pour gouverner les nations, et elles mettront leur espoir en lui. » Que Dieu, la source de l’espérance, vous remplisse d’une joie et d’une paix parfaites par votre foi en lui, afin que vous soyez riches d’espérance par la puissance du Saint-Esprit.
2 – Evangile selon Matthieu, chapitre 3, versets 1 à 4
1 En ce temps-là, Jean-Baptiste parut dans le désert de Judée et se mit à prêcher : 2 « Changez de comportement, disait-il, car le Royaume des cieux s’est approché ! » 3 Jean est celui dont le prophète Ésaïe a parlé lorsqu’il a dit :
« Un homme crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, faites-lui des sentiers bien droits ! »
4 Le vêtement de Jean était fait de poils de chameau et il portait une ceinture de cuir autour de la taille ; il mangeait des sauterelles et du miel sauvage. 5 Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région voisine de la rivière, le Jourdain, allaient à lui. 6 Ils confessaient publiquement leurs péchés et Jean les baptisait dans le Jourdain.
💬 Prédication
Jean le Baptiste est un prophète. Il prend le monde, la vie, les discours ambiants à contre-courant. Il n’est pas à la mode, il ne suit pas les hiérarchies, il ne pratique pas le politiquement correct. Jean le Baptiste n’est pas « bien propret sur lui », il ne suit pas le sens du vent, il ne bêle pas avec les moutons du pouvoir. Jean le Baptiste dérange, il s’impose, il crie, il se fâche. Il surgit du désert, de là où personne ne l’attendait. Jean le Baptiste est un prophète, il vient crier que la face du monde va changer, que les êtres humains doivent absolument changer de manière de se comporter, c’est urgent, parce qu’Il vient, celui que les textes et plusieurs générations déjà attendaient. Il est décidément fascinant, à chaque lecture du texte : cette explosion d’audace, de courage, cette façon de secouer tout, tout le monde, de ne laisser personne indemne !
Au cœur de cette période de pandémie, au beau milieu des décombres de notre monde, des catastrophes humanitaires, politiques, climatiques, dans nos inextricables réseaux de communication qui ne font pas fleurir nos déserts humains, nous aurions grand besoin d’un Jean le Baptiste ! De quelqu’un qui vient crier que nous n’attendons pas un vaccin, le salut par la médecine ou l’argent, la reprise économique ou que sais-je encore ! Non ! Là, chrétiens que nous sommes, nous serions, logiquement, plutôt en train d’attendre le Seigneur qui vient, le Vivant, ce Dieu qui vient à notre rencontre en passant par le ventre d’une femme.
D’aucuns diront : mais nous attendons surtout de pouvoir nous serrer dans les bras mutuellement, de nous embrasser, de nous serrer la main. Nous attendons de rompre notre solitude, de ne plus être privés de nos aimés. C’est vrai, bien sûr, c’est tellement douloureux, ces relations brisées, ces gestes retenus, ces baisers ravalés, ces chansons tues, ces rires et ces larmes qui ruissellent derrière des masques. Nous avons tous mal de cette situation, de ne pas savoir quand ça va finir, d’entendre des injonctions, des promesses pas toujours très vraies, des mises en garde. Mais dites, qu’est-ce que nous attendons, vraiment, ou qui ? Est-ce que nous nous en souvenons encore ?
A l’époque de Jean le Baptiste, pas de blingbling commercial, pas de débauche de lumières, pas de querelle pour savoir à combien on peut se tenir à table ou pas. Les hommes et les femmes de son temps ne savaient pas, ils ne s’y attendaient pas ! Ceux qui connaissaient les textes attendaient un messie, par tradition, par obéissance ou religiosité. Bien. Mais nous ? Nous sommes « d’après », non ? Nous croyons qu’Il est venu, qu’Il vient encore, qu’Il n’est jamais ailleurs qu’avec nous, pour nous, comme nous !
Nos Eglises toutes autant qu’elles sont, se démènent pour fêter quand même, à peu près, à moitié, par petites touches… c’est louable. Nous essayons d’organiser de petites rencontres, à quatre, pas trop, distances, en plusieurs fois, bref nous nous y perdons et décourageons. Nous n’avons guère le choix. Mais je crois qu’à force, nous y perdons aussi, peu ou beaucoup, le sens de ce que nous fêtons !
Peut-être que nous pourrions surgir de nos déserts ? Crier haut et fort que le monde n’a pas seulement besoin d’un protocole sanitaire mondialement unifié ni d’un vaccin ! Le monde n’a pas seulement besoin de se désinfecter les mains, de masquer son visage ! Les crachats et les postillons ne sont pas seulement ceux de la personne qui pourrait très éventuellement m’infecter ! Ce sont les crachats du mensonge, de la misère et de la barbarie, les postillons de l’avidité, de l’égoïsme, des prises de pouvoir diverses !
Ce sont les gouttelettes des cris de rejet de Dieu, de toutes les tentatives de l’instrumentaliser, d’en faire une arme contre les autres ou un discours de folie furieuse à fins soi-disant politiques. Ce sont encore les postillons de jugements sur les autres, racisme, homophobie, discriminations en tout genre. J’évoque aussi les masques contaminés par la lâcheté devant la destruction de la planète, devant la situation des migrants. Je m’arrête là. Vous vous sentez peut-être comme moi, à vous demander à quoi pourrait bien servir votre voix dans le chaos et le bruit du monde ? A vous sentir non seulement masqué, mais muselé, bâillonné, muet.
Vous n’en pouvez plus ? Moi non plus. Et ma situation n’est pas la pire, de loin pas. Pourtant, malgré tout, nous n’avons pas perdu la possibilité de parler d’espérance, de dire que Noël, c’est une Bonne Nouvelle, envers et contre tout. Nous pouvons écrire, dire par téléphone, suggérer, chuchoter, publier : nous sommes aimés de Dieu, même quand nous perdons courage, même quand nous nous sentons minuscules, maladroits, impuissants. Pour nous, l’appel de Jean le Baptiste peut résonner comme une invitation à ne pas tout centrer sur une fête de famille qui n’aura pas lieu cette fois, même si c’est triste. A ne pas céder à la tentation de la méchanceté, ou celle de la polarisation des débats, ou celle des jugements à l’emporte-pièce. A ne pas tout miser sur un vaccin comme si la santé physique était la seule chose dont nous avons besoin pour bien vivre. A ne pas espérer seulement des dédommagements financiers, ou nos prochains voyages à l’autre bout du monde en avion ! Nous pouvons entendre l’appel de Jean-le Baptiste à ne pas nous taire devant les injustices, à protester contre la bêtise, l’obscurité, la noirceur, l’avidité, la violence. Nous pouvons continuer à protester pour la vie, pour un monde plus équitable, même quand une initiative dans ce sens est rejetée par un système politique.
Nous avons certes sur la figure un rectangle de papier bleu, ou de tissu multicolore. Insupportable, mais nécessaire, nous dit-on ! Alors au moins, faisons tomber les masques virtuels que nous aurions tendance à mettre et qui nous font nous taire devant les inepties du monde. Nous sommes encore capables de parler d’amour, d’amitié. Capables de nous bouger, de remettre des majuscules à la Bonne Nouvelle, pour ne pas la laisser s’éparpiller en miettes d’aides financières, en tas de vaccins miracles ou pas. Nous sommes capables de regarder vers demain et ne pas nous effondrer parce que Noël « c’était tellement mieux avant » !
Notre Seigneur est un Dieu d’amour, qui vient, c’est l’Emmanuel, en marche. L’Avent, c’est l’à-venir. Notre Seigneur prend un visage d’être humain, il se montre à travers ton visage, le vôtre, le nôtre. En étincelles de lumière, en sourires qui inondent les yeux. Il ne vient pas comme un gouvernement, aussi efficient soit-il, pour nous diriger et nous imposer des routes, nous exhorter à être bien sages. Il vient se donner à nous, de liens du cœur en paroles de consolation, en gestes de soins et temps d’écoute. Il se fait chanson là où nous avons désormais l’interdiction de chanter, il se fait portée pour que nous puissions continuer à écrire, malgré tout, la partition de notre vie bien malmenée.
L’appel est lancé, à nous toutes et tous, grâce à la voix de Jean, puissante, qui jaillit encore du désert, à travers le texte biblique. Une voix prophétique, qui déferle et s’élève contre la marche routinière et mortifère du monde. Autrefois déjà, maintenant encore. Dans ce temps de l’Avent 2020, centrons notre énergie et notre espérance sur la naissance dont nous voulons faire mémoire. Si elle est vie pour nous, alors elle est vie à transmettre. Une vie complète, pas seulement une vie biologique ! Une vie dans laquelle l’amour et l’espérance circulent dans les veines et gonflent les poumons. Ecoutons l’appel, donnons-lui sa place. Bon Avent. Amen
Retrouvez les paroles de cette chanson.
🙏🏼 Prière des uns pour les autres, des uns avec les autres
Mets de l’Amour dans notre Avent, Seigneur de rencontre. Mets de l’Amour dans notre attente, en paroles et en actes. Nous sommes démunis, souffrants, impuissants.
Mets ton Souffle en nous, dans nos gestes et dans nos mots, pour qu’ils portent la vie. Que l’Avent nous élève, non pour surplomber ou donner des leçons, mais pour protester, résister, oser, prendre position contre la nuit, contre le manque d’amour, encore pire que la mort du corps.
Mets de l’Amour dans notre Avent, Seigneur, dans nos prières pour ceux qui aident, soutiennent, consolent, soignent, pour celles qui se battent sur le terrain, et ceux qui luttent pour un monde moins injuste et obscur, moins avide, moins violent. Ton Amour passe par eux comme par nous.
Seigneur, toi es, toi qui adviens en Jésus-Christ, nous te confions celles et ceux que la maladie et la mort blessent et endeuillent. Qu’ils perçoivent ton Amour à travers des femmes, des hommes, à travers nous, chaque fois que c’est possible.
Mets de l’à-venir dans notre Avent, Seigneur, pour que notre espérance aille au-delà de nos espoirs humains déçus, déchus. Au cœur de nos déserts, sur nos chemins de traverse, à travers nos cris comme nos tendresses, tu es là, et tu viens à notre rencontre. Tu nous aimes et tu nous appelles, à travers l’épaisseur de notre temps, et celle de notre humanité. Merci, toi à qui nous pouvons dire : notre Père….
Amen.
🙌 Bénédiction
Notre Dieu vient à nous, Il nous attend et nous espère, il nous aime tels que nous sommes. Que sa paix nous accompagne dans notre chemin vers Noël, que la tendresse de notre frère et sauveur nous anime, que le Souffle nous donne la force de sortir de nos déserts pour dire et chanter la Vie ! Amen
Merci Marie-Laure et François pour ce magnifique 3ème dimanche de l’Avent! Pour l’à venir plein d’espérance …..loin de toutes nos déceptions…..
Belle semaine qui nous conduit vers la lumière